Niger, December 2021 (French version)

SEMAINE DE TRAVAIL SUR L’ÉLABORATION DES NOTES CONCEPTUELLES DE LA STRATÉGIE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT DU RIZ AU NIGER

Au Niger, le riz est la troisième céréale après le mil et le sorgho en termes de superficie et de production, et sa consommation a fortement progressée passant de 18 kg per capita à 20,4 kg per capita durant les dix dernières années. Pour répondre à la demande croissante du riz, le Niger dépend énormément de l’importation (526 000 tonnes en 2018). Face à cette situation de dépendance, le Niger ne peut que redynamiser la filière riz tout au long de sa chaîne de valeur afin de réduire la facture des importations de riz. A cet égard, les Hautes Autorités ont décidé d’accélérer le rythme du secteur afin d’atteindre l’autosuffisance en 2025 et de dégager un stock de sécurité d’ici 2030.

Pour inverser cette tendance, le Niger a développé une nouvelle stratégie riz (SNDR II) dont l’objectif est d’atteindre des niveaux de production de près de 900 000 tonnes de paddy en 2025 et 1 520 000 tonnes en 2030. Pour ce faire, l’accent a été mis sur l’intensification et la modernisation de la filière, le renforcement des activités de transformation, l’amélioration de la compétitivité du riz locale et sur l’autonomisation des acteurs et de leur organisation. Ainsi, pour aider à la mise en œuvre de la stratégie, il est apparu nécessaire de développer des projets bancables. C’est dans ce cadre qu’a été conduite une semaine de travail pour élaborer des notes conceptuelles SNDR II, du 6 au 10 décembre 2021 à Homeland Hotel à Niamey.

Présidé par le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, cet atelier a vu la participation des principaux acteurs des segments de la chaîne de valeur du riz au Niger. L’objectif de l’atelier était d’élaborer des notes conceptuelles qui serviront de base de négociation avec le Gouvernement et les bailleurs de fonds afin de mettre en œuvre la stratégie.

Principaux produits / Résultats.

En termes de résultats, il est à noter que les participants ont élaboré trois notes conceptuelles, qui devraient permettre d’atteindre les objectifs de la première phase de la SNDR II. Le résumé de ces notes conceptuelles est donné ci-dessous.

 

1) Projet d’appui à l’intensification et à la modernisation de la production rizicole : La raison du choix de ce projet tient du fait que le gouvernement de la 7ème République a adopté la Stratégie de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et de Développement Agricole Durable qui consacre une place importante au riz en raison de l’écart énorme entre l’offre et la demande qui se traduit par une forte dépendance vis-à-vis des importations. Pour y remédier, la SNDR II a été élaborée pour améliorer la résilience de la filière riz dans le but de permettre au Niger d’être autosuffisant en riz d’ici 2025. C’est dans ce contexte que le présent projet d’appui à l’intensification et à la modernisation de la riziculture était développé. La zone d’intervention du projet sera le territoire national avec un focus sur les bassins rizicoles. L’objectif général du projet est de contribuer à « l’amélioration de la résilience des systèmes de production rizicole face aux effets du changement climatique». Plus précisément, il s’agira de : (i) Intensifier la production rizicole et (ii) Moderniser les systèmes de production. Pour y parvenir, la stratégie adoptée repose sur la concentration de l’Etat dans sa mission régalienne (aménagement des périmètres irrigués et appui au financement des intrants par la mise en place de fonds de garantie) et la forte implication du secteur privé tant dans la production que dans l’accès aux intrants et aux machines et équipements agricoles. Le coût du projet est estimé à 115 milliards de FCFA sur 5 ans, dont 86 % à rechercher et 14 % acquis (12 % de contribution du secteur privé et 2 % de contribution de l’Etat hors apport en nature). Les partenaires ciblés pour le financement seront, entre autres, la BAD qui soutient le développement des périmètres irrigués, la JICA pour les équipements lourds, l’AGRA pour soutenir l’implication du secteur privé, la Banque mondiale, la BID, AfricaRice pour soutenir le .les aménagements et l’acquisition d’intrants de qualité.

2) Projet d’appui à l’amélioration de la compétitivité du riz local : ce projet a été choisi car en plus de la faible production de riz, une grande partie de cette production est transformée de manière artisanale, rendant la qualité du riz blanc local faible. Cette situation, conjuguée à d’autres facteurs, rend le riz local très peu compétitif. Si rien n’est fait pour inverser la tendance, la situation va empirer, surtout dans un contexte où la volonté du gouvernement est d’augmenter la production. C’est dans ce contexte qu’il a été décidé de développer le projet d’amélioration de la compétitivité du riz local. L’objectif général du projet est de contribuer à l’amélioration de la compétitivité du riz local au Niger par : (i) l’amélioration de la transformation du riz paddy ; (ii) l’amélioration de la rentabilité de la production et (iii) l’appui à la commercialisation. La stratégie adoptée pour atteindre les objectifs est de renforcer les unités de transformation tout en les mettant aux normes, de réduire les coûts de production afin de garantir un prix réduit au consommateur et de créer les conditions d’un flux régulier de production en améliorant les circuits de distribution, la mise aux normes des infrastructures marketing et l’interconnexion des marchés. Le coût du projet est estimé à 3,6 milliards de FCFA dont 83 % du montant à solliciter auprès des partenaires au développement tels que la Banque mondiale, la BAD et surtout auprès des banques et du secteur privé.

3) Projet d’appui à l’autonomisation des acteurs de la filière riz au Niger : ce projet se justifie car les matériaux utilisés dans la production du riz ne permettent pas une amélioration de la productivité ni même de l’attractivité de la filière auprès des jeunes qui constituent une importante réserve de la main d’œuvre. C’est pourquoi il est urgent de doter les acteurs d’innovations technologiques capables d’améliorer la qualité de la main-d’œuvre et surtout d’instaurer une gestion endogène de la filière. C’est dans ce contexte que le projet d’amélioration de la responsabilisation des acteurs est développé. L’objectif général du projet est de contribuer à la responsabilisation des acteurs de la filière riz au Niger. Concrètement, il s’agira de : (i) s’appuyer sur les institutions de recherche et/ou de vulgarisation pour mettre les innovations technologiques à disposition des acteurs et (ii) soutenir l’organisation des producteurs. L’approche retenue pour la mise en œuvre du projet est basée sur le partenariat et sur une approche axée sur la demande et fonctionnelle de la Fédération des Unions de Coopératives Rizicoles et de l’Interprofessionnel du Riz. Pour le partenariat, il s’agira de s’appuyer sur les services de recherche et de vulgarisation afin de développer et tester les innovations avant leur diffusion et leur mise à l’échelle. Pour la responsabilisation des organisations de producteurs, il s’agira de les aider à développer un modèle économique orienté vers la prestation de services. Le coût du projet est estimé à près de 3 milliards de FCFA, dont 12 % acquis. Les partenaires qui seront sollicités pour les 88% restants seront, entre autres, AfricaRice, IFDC, JICA, la Coopération Allemande, Luxdev, TIKA, BID, les semenciers.

Fort de ces premières idées de projets, il est prévu de les affiner et de les promouvoir auprès des donateurs et notamment du secteur privé. A cet effet, après relecture des notes conceptuelles, une tournée promotionnelle auprès des partenaires sera organisée avant la tenue de la table ronde sur le financement de la SNDR II et de ses projets.